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Le « Vieux Puits » sur la Place de la République

La « Fontaine à l'Âne »

Sur la Place de la République se dressait autrefois une grande halle où se tenaient le marché du samedi et deux grandes foires annuelles à la Saint-Jean et à la Sainte-Catherine. (Cette halle a été démolie en 1767 pour dégager la place).

A côté de la halle, il y avait un grand bassin à ciel ouvert dans lequel jaillissait une fontaine. Il servait de réservoir en cas d’incendie et d’abreuvoir pour le bétail. Outre les problèmes de salubrité, il était la cause de nombreuses chutes en hiver quand ses abords se transformaient en véritable patinoire. (Plan : archives municipales)

Le « Vieux Puits »

En 1798, la commune décida donc de recouvrir le bassin en créant deux citernes surmontées d’un puits. L’ensemble était entouré de poteaux et de lisses ainsi que de deux rigoles en pavés. Une auge avait été prévue pour abreuver le bétail et deux trappes permettaient d’accéder aux citernes. (Plan AD 55 Dépôt E-89)

La commune fit ensuite construire un troisième réservoir attenant et communiquant avec celui de droite sur lequel avait été posées la margelle du puits et sa pompe. (Plan établi pour le  curage de 1869 ; Archives départementales de la Meuse, dépôt E-89)

Les incendies à Clermont

Les eaux étaient rares à Clermont et les incendies considérables. En 1724, le feu détruisit 32 maisons. Un autre incendie éclata dans la nuit du 28 au 29 octobre 1731 et fit d’énormes ravages en remontant face à la Place jusqu’au relais de la Poste aux Chevaux. Les habitants adressèrent le 25 février 1732 au prince de Condé une requête qui fut accueillie favorablement. Les propriétaires dont les maisons avaient été détruites bénéficièrent de la charité du prince en argent (proportionnellement à la longueur de la façade sur la rue) et en bois à la condition que les 4 murs extérieurs soient reconstruits en pierre, et tout ceci dans un délai de 3 ans.

Un troisième gros incendie s’alluma à Clermont en juin 1757 mais comme les troupes logeaient dans la ville, il fut vite circonscrit. Comme pour le précédent feu, le prince de Condé accorda des bois ainsi que de l’argent que les sinistrés n’avaient malheureusement toujours pas touché au 15 août 1758 car Drapier, le receveur de Clermont, avait dilapidé les fonds dont il avait la gestion.

La grande citerne de la place

A la suite de l’incendie dit de la « Belle Tête » en 1829 qui ravagea les maisons de la rue des Portelles, traversa la rue de Varennes et s’étendit le long de la Grande Rue jusqu’au passage de la remise (aujourd’hui rue de la Tuilerie), la commune décida de réaménager entièrement la place de l’Hôtel de Ville et d’y construire un grand bassin voûté dont l’entrée se situe devant les escaliers de la mairie. Les travaux furent adjugés le 2 août 1831 à l’entrepreneur Bienaimé de Varennes et réceptionnés le 10 novembre 1833.

(Photographie : François Lhuillier)

On accède dans le grand bassin voûté par un escalier de 7 marches de 32 à 33 cm de hauteur. Ses dimensions sont impressionnantes : il mesure 16 m de longueur.

Toutes ces mesures n’empêchèrent pas de nouveaux incendies. Ainsi, 18 maisons de la partie basse de la rue Casimir Bonjour furent entièrement détruites dans la nuit du 17 au 18 septembre 1899. Le dernier gros incendie fut celui du 5 septembre 1914 qui détruisit 85,7 % de la ville, 343 maisons sur 400 ainsi que l’église et la mairie. Contrairement aux autres, celui-ci n’était pas accidentel mais allumé par les pétroleurs allemands.

Les « Pêche-lune »

Il était d’usage autrefois d’affubler les habitants d’une commune d’un sobriquet pour les tourner en dérision. Ainsi, les Clermontois étaient surnommés les « Pêche-lune ». Les habitants des communes voisines se moquaient d’eux car, la ville n’étant arrosée par aucune rivière, ils n’avaient que le reflet de la lune à pêcher dans leur bassin à ciel ouvert sur la place. Une façon de les prendre pour des fous.

(Coll. Hubert PHILIPPE)

Le défilé de la mi-carême à Clermont en 1936 sur le thème de l’eau : au centre, sur le char  avec son panier et sa canne à pêche en bambou, le « Pêche-lune » se tient derrière le « Vieux Puits » qui a remplacé le bassin de la « Fontaine à l’Âne ».