Affranchi en 1243 par Thiebaut II, comte de Bar, le village d’Auzéville, situé sur la rivière l’Aire, a une partie de son histoire liée à celle de Clermont-en-Argonne.
La comtesse de Bar et dame de Cassel et de Dunkerque en pays de Flandre, Yolande de Flandre (1326-1395), veuve du comte Henri IV de Bar, reçoit le Clermontois en douaire ; femme de pouvoir au tempérament vif, elle défend ses possessions avec opiniâtreté et séjourne parfois au très puissant château de Clermont. (gravure de Claude Chastillon, vers 1600)
Elle y bat monnaie, fabrique même de la fausse monnaie à l’effigie du roi pour régler ses problèmes financiers, pratique assez courante à cette époque, et abrite en 1363 à Auzéville une banque appelée la Table des Lombards dans le quartier des affaires à la halle florissante.
En mars 1357, la rupture éclate entre Yolande et le clergé de Verdun qui s’est allié aux bourgeois de la ville. Les hostilités durent deux ans et attirent des maux infinis sur le pays. À cette époque, elle est à Clermont. Elle ravage Auzéville et y fait mettre le feu. L’évêque de Verdun Hugues III de Bar lui envoie deux chanoines pour la supplier de retirer ses troupes et lui demander réparation des dommages causés à l’évêché. Ces deux chanoines n’ayant pas reparu, le bruit court que la comtesse les aurait fait noyer dans une fosse profonde sur le territoire de Clermont en limite de celui d’Auzéville, autrefois appelée la Fosse aux Chanoines, puis la Fosse aux Curés. Le nom de cette fosse, improprement appelée la Fosse Curée sur le cadastre de 1846, a aujourd’hui disparu. Yolande a toujours nié la noyade des deux envoyés de l’évêque. Plusieurs autres exécutions lui valent l’excommunication papale qu’elle fait relever par d’importantes donations ; elle établit en son hôtel et donjon de Clermont le 19 juillet 1361 une fondation de messes en l’honneur de Saint-Oricle. Après avoir fait arrêter à Vincennes son petit-fils Henri qui était sous la protection du roi de France Charles V, elle est capturée le 25 avril 1371 et emprisonnée au Temple où elle reste jusqu’au 26 octobre 1373. Les troupes françaises occupent Clermont et ce n’est que 5 ans plus tard que le roi la remet en possession de ses biens. À la fin de sa vie, sans doute repentante de ses méfaits passés, elle fonde en 1394 en l’église Notre-Dame de la forteresse clermontoise une chapelle dédiée à Sainte-Anne.
Femme de pouvoir habile dans l’art de gouverner, mais de caractère violent et vindicatif, crainte dans toute la région, Yolande de Flandre a développé le commerce et l’industrie, amélioré l’administration et les services publics, et soutenu et libéralisé plusieurs établissements religieux dans le Clermontois.
Le village est à nouveau incendié et saccagé en 1365 par une bande armée appelée « Bretons » issue de la Guerre de Cent Ans, et en 1635 par une bande de pillards amenée par la Guerre de Trente Ans et appelée « Croates » ou « Chenapans » (à cause du schnaps qu’ils réclament). À ces malheurs s’ajoute la peste qui décime tout le Clermontois de 1632 à 1637, puis beaucoup plus tard en 1849 le choléra qui cause 50 morts à Auzéville entre le 26 juillet et le 31 août.
Le village d’Auzéville est à nouveau touché par les destructions au début de la Grande Guerre ; tout le quartier de la mairie et des écoles est détruit.
Le colombier
En 1583, l’écuyer Jacques de La Vallée, seigneur de Vraincourt, des Éperchies à Rarécourt, de Parois et de Jubainville (Vosges) en partie, obtient l’autorisation du Duc de Lorraine d’élever un colombier seigneurial à Auzéville. Ce privilège est à cette époque réservé aux nobles et aux ecclésiastiques. Jacques était le frère de Christophe, évêque de Toul. Ce colombier, érigé à l’angle du jardin d’une ancienne maison forte qui possède également son four à pain, a été remarquablement restauré après d’importants travaux de consolidation. Daté de 1633, il a été classé Monument Historique par arrêté du 26 juin 1997.
La visite du colombier, implanté sur la propriété privée de la famille BONNET, ne peut se faire qu’avec l’autorisation des propriétaires ou à l’occasion des Journées Européennes du Patrimoine.
Sources historiques : https://monumentum.fr/ – Architecture des 16e-XVIIe siècles, de plan carré, combinant la pierre et le pan de bois. Ce colombier est daté de 1633.
Périodes de construction : 1re moitié XVIIe siècle
Adresse : 12 Rue Basse 55120 Auzéville-en-Argonne
Eléments protégés : Colombier (cad. 020AB 241) : inscription par arrêté du 26 juin 1997
« Patrimoine bâti d’Argonne » : https://vraincourt-argonne.blogspot.com/
Ce blog présente l’Association Sauvegarde et Avenir du Patrimoine Argonnais (ASACA), fondée le 9 avril 2024, qui a pour objet statutaire de contribuer à la sauvegarde et à la valorisation des édifices et sites patrimoniaux d’intérêt historique, culturel, artistique ou environnemental de Clermont et des communes des environs. Sa première priorité est la sauvegarde de l’église Saint-Rémi de Vraincourt.
On y trouve l’histoire du hameau de Vraincourt des origines à nos jours, et petit à petit, d’autres villages vont le rejoindre. C’est déjà fait pour Auzéville et Aubréville.