Le Boulevard MICHELER

Cette voie de contournement de Clermont-en-Argonne a été créée en 1915 par le général MICHELER.  Avant cette date, les nombreux convois militaires qui arrivaient par la route de Bar-le-Duc étaient obligés de passer par le centre de la ville en empruntant un chemin difficile : prendre la rue Neuve (aujourd’hui rue Gaston LELORAIN), monter la rue THIERS puis descendre la rue de l’Abattoir (actuellement rue de la Poste) et terminer le trajet par la rue de la Tuilerie.

Le nouveau tracé pratiquement plat qui permettait donc de relier plus facilement les deux gares de l’Est et de la Compagnie Meusienne à cette entrée de Clermont offrait des avantages : de la fatigue en moins pour les chevaux et un gain de temps. La nouvelle voie commençait au niveau du carrefour de l’actuelle gendarmerie et à cette époque, il n’y avait pas de maisons tout au long de son tracé. Une partie de ce boulevard a été rebaptisée rue du Général LAURE et une autre rue de la Gare, ce qui lui a fait perdre une partie de son sens historique.

Le général Frédéric Henri MICHELER

Fils du général Charles MICHELER et frère aîné du général Joseph MICHELER, il est né à Phalsbourg  le 1er mai 1852. Il s’engage en 1870 et intègre Saint-Cyr  d’où il sort en septembre 1872, classé 37e sur 350 de la promotion de la Revanche. Deux mois auparavant, il avait opté pour la nationalité française.

Il poursuit une brillante carrière militaire et avant la Grande Guerre – il est alors général de division depuis 1912 – il est nommé le 5 avril 1914 Inspecteur des formations de réserve et de la préparation militaire de la 6e Région. Il est élevé au grade de Commandeur de la Légion d’honneur le 11 juillet 1914.

 

(Photographie Claudine LEVAVASSEUR)

Après les défaites à la Bataille de Frontières qui voit l’armée française subir des pertes effroyables le 22 août 1914, le commandant en chef, le général JOFFRE, limoge de nombreux généraux et le  lendemain, le général MICHELER prend le commandement du Ve Corps de la IIIe Armée. Il suit avec ses hommes le mouvement de la Grande Retraite, passe le 4 septembre par Clermont pour se diriger vers Louppy-le-Château, est engagé dans la Bataille de la Marne, remonte vers l’Argonne et libère Clermont le 14 septembre au matin. Il y installe son quartier général.

Le général MICHELER est décrit comme « un chef exigeant, un homme de fer qui ne cessera de demander des efforts surhumains à ses hommes, en particulier lors des grands assauts sur Vauquois ». (La Butte meurtrie – Vauquois)

Le 5 juillet 1915, il est très grièvement blessé en forêt d’Argonne entre Lachalade et la Haute-Chevauchée. Voici ce qu’il écrit à la dernière page de son journal :

« 5 juillet : je vais à la Haute-Chevauchée pour examiner le terrain d’attaque des Meurissons. Il règne un calme absolu quand vers 9 heures 1/2, 4 obus allemands éclatent au-dessus de nous. Le commandant d’infanterie VALENTINI est tué, le capitaine BESNIER de mon état-major est blessé, le … ROUX, officier d’ordonnance commandant le sous-secteur, l’est également. Je suis touché à la tête et au bras gauche. On me ramène à Clermont à 11 heures 1/2 et on me fait subir immédiatement l’opération du trépan. Ma femme arrive le soir même.

6 juillet : après radiographie, on extrait l’éclat d’obus qui avait pénétré dans le bras gauche.

15 juillet : je suis évacué sur Châlons que je quitte le 10 septembre pour arriver à Lyon le lendemain. »

Fin de son journal fourni par sa famille.

Le général MICHELER est élevé au grade de Grand Officier de la Légion d’honneur par décret du 8 juillet 1915, à prendre date le 5 juillet.

On le voit ici quitter l’hôpital-hospice de Clermont, entouré de quelques officiers, sous les yeux de la supérieure sœur GABRIELLE, héroïne nationale de la Grande Guerre. Les blessures à la tête le 5 juillet sont graves : fracture de la voûte crânienne et rupture de la dure-mère.

A Lyon, malgré les traitements, son état ne cesse de se dégrader. Placé en disponibilité depuis le 7 juillet 1915, il est atteint d’une congestion cérébrale le 7 novembre et n’est plus en état de reprendre ses activités. A sa demande, il est placé le 13 juin 1916 dans la section de réserve de l’Etat-major général de l’Armée.

Il décède le 15 août 1917 des suites d’une nouvelle opération qu’il a subie le 8 août. Le général MICHELER est déclaré « Mort pour la France ».

(Photographie La Contemporaine, Fonds VALOIS)