La rue et le stade Henry DITTE

Une rue et un stade qui portent le même nom, mais sont-ils à la mémoire de la même personne ? Rien n’est moins sûr, car il y a Henry DITTE père et Henry DITTE fils !

La rue Henry DITTE qui part de la place de la République et permet de monter au cimetière, à l’église ou au plateau de Sainte-Anne, s’appelait autrefois la rue du Grand Four. C’est dans cette rue que fonctionnait le four banal, un four à bois mis à disposition des habitants par le seigneur. Ceux-ci n’avaient pas le droit de construire un four chez eux, et ils n’en avaient d’ailleurs pas les moyens financiers, aussi venaient-ils faire cuire le pain, souvent pour la semaine, moyennant une taxe. Avec la Révolution, un bon nombre de fours banaux ont été détruits et avec eux les taxes ont disparu, mais ceux qui sont restés ont été repris par les communes qui ont continué à les faire fonctionner jusqu’à l’implantation des boulangeries.

Jean Henry Honoré Marie DITTE est né le 22 mai 1881 à Soisy-sous-Etioles, aujourd’hui Soisy-sur-Seine (Essonne). Il est le fils d’Honoré Marie Henry DITTE et de Louise Marie SIMONET. Il est notaire à Paris de 1910 à 1935 et se marie en 1930 avec Marie Geneviève COURLEUX.

Il vient très régulièrement à Clermont, terre natale de son père, et participe activement à la vie de la commune. Conseiller municipal élu dès 1925, il s’implique dans le développement touristique et contribue financièrement à la création d’un stade avec deux magnifiques terrains de tennis. Un sentier en zigzag, aujourd’hui disparu, qui relie la rue de Sainte-Anne à l’extrémité du plateau porte son nom sur les brochures des sentiers de randonnées.

Après la guerre, il vient habiter Clermont dans la dernière maison en haut de la rue qui porte son nom et il est élu maire de la commune. Henry DITTE succède à Ernest LAURENT qui a pris l’intérim de Gaston LELORRAIN, déporté mort à DACHAU le 22 janvier 1945.

Au cours de son mandat, il décède subitement à l’Hôtel Bellevue le 20 novembre 1947. Pour honorer sa mémoire, le conseil municipal décide de renommer la rue du Grand Four rue Henry DITTE.  

Honoré Marie Louis Henry DITTE est né à Clermont-en-Argonne le 16 mai 1846. Il est le fils de Louis Honoré DITTE, docteur en médecine, et de Jeanne Elisa MOUËT, la fille du maire, propriétaire de la faïencerie.

Engagé volontaire dans la Garde mobile de la Meuse le 10 août 1870, il est promu sous-lieutenant au 3e bataillon et se distingue par sa belle conduite pendant la guerre qui lui vaut d’être décoré de la Légion d’honneur. Officier d’ordonnance du général Guérin de Waldersbach qui  commande la subdivision de Verdun,  il part prisonnier de guerre en Allemagne le 11 novembre 1870 après la capitulation de la ville.

Après la guerre, il mène une brillante carrière dans la magistrature. Il a été notamment conseiller à la cour d’appel de Paris en 1891 puis conseiller d’État en 1901 et président du tribunal de grande instance de la Seine en 1901. Officier de la Légion d’honneur en 1902, Henry DITTE  termine sa carrière comme conseiller à la Cour de cassation. Il est élevé au grade de Commandeur de la Légion d’honneur le 15 janvier 1908.

Cruellement éprouvé par la perte de son fils aîné Pierre, « Mort pour la France » le 17 septembre 1914 dans les combats aux carrières de Confrécourt (Aisne), il décède à Paris le 13 décembre 1916.