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Edouard JACQUEMET

Joseph Philippe Victor Edouard JACQUEMET est né à Clermont-en-Argonne le 14 février 1846. Il est le fils de Boniface Frédéric, boulanger, et de Marie Anne Joséphine OTTO. (La petite boulangerie familiale, située peu avant le chemin de la Porte des Bois, est la première de la rue à n’avoir pas été incendiée par les Allemands le 5 septembre 1914 ; l’ennemi y cuisait le pain pour ses troupes).

Edouard est un élève brillant et ses parents vendent la boulangerie en 1865 pour l’accompagner à Paris où il poursuit ses études en classe préparatoire puis à Centrale, promotion 1868. Il débute sa carrière professionnelle comme ingénieur dans l’industrie, participe à la guerre de 1870 puis s’oriente vers l’enseignement et devient sous-directeur de l’école Monge. Nommé directeur de l’école des Arts et Métiers d’Angers le 25 septembre 1879, il quitte son poste le 23 juin 1900, chargé de l’organisation de la nouvelle école des Arts et Métiers de Lille. Il occupe la fonction d’inspecteur général de l’enseignement technique puis celle de membre du conseil supérieur de cet enseignement et il siège également dans de très nombreuses commissions, dont celles des organisations des expositions universelles de 1889 et 1900 à Paris. (Photographie transmise par son petit-fils Frédéric)

Edouard JACQUEMET a bien l’intention de revenir vivre avec son épouse Marie BARKER dans sa ville natale : il achète en 1895 une des plus belles maisons de la Grande Rue ayant appartenu au maître de la Poste à chevaux Jules FAILLETTE. Après sa retraite prise en 1903, il s’établit à Bruxelles mais il revient régulièrement à Clermont où il se fixe définitivement 15 mois avant l’arrivée des Allemands.  En 1912, son épouse est la donatrice, à la chapelle Sainte-Marie de l’ancien hospice, d’un vitrail exécuté par la maison Janin-Benoît de Nancy.

Quand l’ennemi entre dans Clermont, le couple JACQUEMET fait partie de la bonne cinquantaine de Clermontois, sans compter les vieillards pensionnaires de l’hospice, qui n’ont pas fui, et quand le colonel allemand demande à sœur GABRIELLE de lui signaler un homme capable de s’entretenir utilement avec lui à défaut du maire qui avait quitté la ville, cette dernière lui recommande Edouard JACQUEMET. Il accepte ensuite la demande du capitaine Bruno FRANCK d’être le bourgmestre de Clermont, mais cette fonction ne lui permet hélas pas de sauver Clermont de l’incendie et sa maison est réduite en cendres, comme 205 autres, ainsi que l’église, la mairie et 71 granges ou écuries.

Des prisonniers passent devant les ruines de la maison d’Edouard JACQUEMET, dite “Maison de l’Empereur”. C’est dans cette maison que logea GUILLAUME Ier du 27 au 31 août 1870. Il y décida, entouré de BISMARCK, MOLTKE et VON ROON, de remonter en direction de Grandpré et il livra bataille à Sedan le 1er septembre. 

(Photographie La Contemporaine, fonds Valois)

Si on sait avec précision ce qui s’est passé du 5 au 14 septembre durant l’occupation allemande, c’est grâce aux lettres que sœur GABRIELLE écrit en octobre à son frère et à la Mère supérieure à Paris, mais grâce aussi au long rapport qu’Édouard JACQUEMET remet aux autorités françaises. Il évoque en détail le bombardement du 4 septembre, l’entrée de l’ennemi dans Clermont, le pillage, l’incendie et la mort de trois civils réfugiés dans une grange : celle du maire de Vauquois M. POINSIGNON, de son petit-fils Raymond âgé de 7 ans, tué d’une balle dans le dos alors qu’il fuyait les flammes, et celle de M. JEANNEL de Neuvilly. Il relate aussi l’occupation allemande, les vexations, les prises d’otages, et enfin la fuite des Allemands après la bataille de la Marne.

Le 17 septembre 1914, Edouard JACQUEMET est nommé par le préfet de la Meuse « Administrateur faisant fonction de maire et de conseil municipal » ; il est même désigné suppléant du Juge de Paix et assure le service du tribunal de simple police à partir du 9 septembre 1915 quand ce dernier est mobilisé. Jusqu’au 2 mars 1916, jour de l’évacuation des civils, il va gérer les affaires de la commune et s’occuper de la population qui vit dans les quelques maisons épargnées ou dans les caves tout en entretenant de bonnes relations avec l’autorité militaire. (Edouard JACQUEMET devant les ruines de la mairie ; Photographie La Contemporaine, fonds Valois)

Le maire-administrateur accueille les nombreuses personnalités françaises et étrangères qui viennent visiter Clermont, la ville dont le martyre est connu bien au-delà des frontières du pays.

Et c’est dans le logement de la chapelle Sainte-Anne où il s’est réfugié qu’il reçoit trois correspondants de guerre américains – Will IRWIN, Herbert COREY et Arthur GLEASON – accompagnés d’Emile HOVELAQUE, inspecteur général de l’instruction publique et grand ami du président WILSON ; ils lui apprennent qu’il vient d’être promu par décret du 10 septembre 1916 au grade d’Officier de la Légion d’Honneur, lui qui était Chevalier depuis 1882. La médaille lui est remise par le président de la République Raymond POINCARÉ le 13 septembre à Bar-le-Duc. Le même jour, sœur Gabrielle est élevée au grade de Chevalier.

Mais la vie est devenue trop difficile pour le couple JACQUEMET, isolé et ravitaillé par l’armée. Il va s’installer à Bar-le-Duc en  septembre 1916, puis à Paris en décembre 1917 d’où M. JACQUEMET continue à administrer Clermont.

Le couple JACQUEMET devant la chapelle Sainte-Anne où il s’est réfugié en 1916.

Après la guerre, le conseil municipal nouvellement élu remercie Edouard JACQUEMET pour son dévouement de 1914 à 1919. Ce dernier ne revient pas à Clermont mais s’installe à Richelieu, ville qui bénéficie d’un climat plus doux que celui de l’Argonne, où il décède le 9 avril 1928.