Sous le Premier Empire
Clermont reçoit avec les honneurs les 8 et 9 novembre 1809 le roi de Saxe Frédéric-Auguste 1er et le 10 mai 1812 Napoléon et l’Impératrice Marie-Louise descendent à l’hôtel Saint-Nicolas. Il y avait plusieurs hôtels à Clermont dont l’hôtel de la Pomme de Pin, face au relais de Poste, qui avait été rebaptisé hôtel de l’Aigle d’Or en souvenir des passages de l’empereur quand il prenait la route d’Allemagne.
Au centre, la maison à encorbellement, datée 1603 sur le corbeau, était la plus ancienne de la ville ; elle a été démolie en 2010. Après la chute de Napoléon, l’hôtel de l’Aigle d’Or a été renommé hôtel de la Croix d’Or, nom qu’il a conservé jusqu’à sa fermeture. A gauche du puits équipé d’une pompe à bras en 1866, l’escalier à chevaux menait à l’écurie rue Casimir Bonjour.
Après la désastreuse campagne de Russie en 1812 et le quasi-anéantissement de la Grande Armée qui perd près de 500 000 hommes, la Prusse rejoint en 1813 la Russie et le Royaume-Uni dans la sixième coalition anti-française, suivie par la Suède de Bernadotte en mars et l’Autriche en juin. Malgré quelques victoires en Allemagne, Napoléon est défait du 16 au 18 octobre à la « bataille des Nations » à Leipzig et il doit faire retraite vers la France. Lors de ses passages à Clermont, ayant remarqué le beau point de défense qu’offre le Plateau de Sainte-Anne, il charge le colonel de Génie Sagot et le lieutenant-colonel Chevalot d’élever à la hâte un fort de campagne et des ouvrages en terre. Le capitaine Carré réquisitionne les habitants de Clermont et des villages voisins pour élever les différents travaux de défense. Deux compagnies de vétérans arrivent quand on apprend l’approche des Russes. Comme les travaux ne sont pas terminés, elles se retirent en laissant la surveillance des postes à la garde nationale. L’ennemi cosaque entre dans la ville et le chef de poste se rend avec ses hommes. Dans le même temps, fin janvier 1814, le maréchal Auguste de Marmont, duc de Raguse, qui, en venant de Verdun, s’était vainement retranché dans le défilé des Islettes, doit se replier sur Châlons. Malgré quelques victoires, les troupes françaises sont dépassées par le nombre. La trahison de Marmont et la capitulation de Paris amènent à la déchéance de l’empereur et sa première abdication le 6 avril 1814. Dans la notice qu’il rédige le 15 mars 1815, le capitaine du Génie Martin précise : « Le mont Sainte-Anne n’offre plus que quelques faibles vestiges des fortifications… mais la position est tellement formidable que l’on peut s’y mettre à couvert d’insulte en peu de temps avec quelques travaux. Cette position fortifiée rejetterait l’ennemi sur Grandpré où finit la forêt d’Argonne et fermerait le passage de la côte de Biesme sans y tenir une force considérable plus utile ailleurs. »
Pendant la Restauration
La ferme de la Thibaudette autrefois presque entièrement boisée (120 hectares ont été défrichés en 1854 et 1855), ainsi que la forêt de Beauchamp, avaient été confisquées en 1791 au prince Louis-Joseph de Bourbon Condé au moment de son émigration mais n’avaient pas été vendues. Dans une ordonnance en date du 24 mai 1814, le roi Louis XVIII ordonne que tous les biens qui lui appartenaient et qui n’ont pas été vendus lui soient rendus. La remise lui a été faite le 22 juillet suivant. (Son fils Louis Henry Joseph en a ensuite hérité et à sa mort en 1830 le domaine est revenu au duc d’Aumale Henry d’Orléans, fils de Louis-Philippe, le dernier roi des Français. Le duc d’Aumale a légué en 1886 à l’Institut de France son domaine de Chantilly et les archives du Clermontois sont conservées au musée Condé).
Clermont reçoit le 2 septembre 1828 le roi Charles X lors de son voyage dans l’est de la France ; il est accompagné de son fils Louis-Antoine, dernier dauphin de France. Le 27 avril 1825, il promulgue la loi du « Milliard des émigrés » qui permet d’indemniser les émigrés spoliés par la vente de leurs biens saisis à la Révolution et vendus comme biens nationaux. Plusieurs Clermontois en bénéficient.
De la monarchie de Juillet à la révolution de 1848
Après la révolution de Juillet 1830 et l’abdication de Charles X, c’est son cousin Louis-Philippe qui devient roi des Français. Il est reçu à Clermont l’année suivante, accompagné de ses fils aînés les ducs d’Orléans Ferdinand-Philippe et de Nemours Louis d’Orléans.
Avec le krach de janvier 1847, conséquence de la bulle spéculative sur le chemin de fer, la France connaît un chômage important. De plus, comme les récoltes ont été très mauvaises en 1846, le prix du blé importé en partie de Russie atteint un record pendant l’été et à la crise économique s’ajoute une crise politique. Le peuple parisien se soulève du 22 au 25 février et Louis-Philippe abdique le 24 février 1848 à midi et s’enfuit vers l’Angleterre. Le gouvernement provisoire proclame le lendemain la République. Louis Blanc, représentant du mouvement ouvrier, revendique le droit au travail et les 26 et 27 février, le ministre des Travaux Publics Marie ouvre les Ateliers nationaux destinés à employer les ouvriers et artisans des villes en chômage forcé à des travaux de terrassement ou de voirie moyennant rémunération. La ville de Clermont fait aménager le site du Plateau de Sainte-Anne. La butte à l’extrémité de la promenade est démolie ; elle était surmontée d’une croix et recouvrait une ancienne casemate où reposaient les corps de 14 jeunes soldats tués lors du siège de 1654. A hauteur de la côte Magniolle, le profond fossé pavé de pierres « chalines » qui séparait l’ancien donjon du reste de la forteresse est comblé. L’ensemble du plateau est ensuite reboisé. Le 21 juin 1848, l’Assemblée constituante prononce la dissolution des Ateliers nationaux qu’elle juge inefficaces, dangereux et coûteux, ce qui provoque une violente révolte ouvrière réprimée dans le sang.
En 1850, Louis-Napoléon, élu Président de la République le 10 décembre 1848, est reçu à Clermont-en-Argonne. Proclamé empereur des Français le 2 décembre 1852, il autorise la ville, par décret impérial du 21 janvier 1863, à accepter les legs de Mlle Marie Humbert pour la création d’un hospice et celui fait au bureau de bienfaisance en faveur des pauvres de la commune. (Pour la création de l’hospice, Marie Humbert a donné sa maison estimée à 22 000 F, une somme de 40 000 F pour y faire les aménagements nécessaires et une somme de 200 000 F à placer en rente d’Etat dont les revenus étaient destinés au fonctionnement de l’établissement. La somme de 40 000 F a permis d’acheter les bâtiments voisins de l’ancienne faïencerie élevés en 1739, d’y faire les appropriations ainsi que de construire la chapelle sur son ancienne écurie).